Le président F.Cazeneuve : «Nous allons nous battre avec nos valeurs!»

En région toulousaine,l’un des promus et son président, Francis Cazeneuve, préparent avec joie et envie leur comeback en fédérale 1.Ce club le TOAC-TOEC, entité centenaire de la capitale de l’aéronautique et du rugby, arrive dans dans la 1ere division amateur avec une humilité certaineteintée tout autant d’un ardent désir de relever un défi sportif qui s’annonce haletant. Pour Francis Cazeneuve et ses décennies d’engagement dans l’ovalie locale, cette accession est la consécration d’un travail bénévole réalisé par l’ensemble du club et espère que ses joueurs seront s’en montrer dignes sur les pelouses de la poule 3. Souvent cité par les suiveurs de Fed1, comme un des petits poucets, le FCTT comme en regorge les récit son illustre passé, compte bien se battre avec ses armes et ses valeurs pour honorer la tunique bleu, violette, verte et blanche. Focus sur un primo-accédant, qui a l’ombre du Stade Toulousain, de Colomiers ou encore Blagnac, veut ardemment écrire son histoire en fédérale 1 et faire du Stade Georges Aybram un fief imprenable.

Le TOAC-TOEC est un club centenaire dans le rugby français, qui a connu de très grands hauts, de petis bas et qui revient maintenant en Fédérale 1. J’imagine que pour vous, Francis Cazeneuve et l’ensemble du club, et même si cela s’est fait sous l’égide du Covid-19, cette promotion est une consécration pour tout le travail que vous avez accompli ? 

Oui, nous sommes très contents. Moi, je suis surtout très content pour les dirigeants qui travaillent avec moi et pour les joueurs parce qu’on arrive de très loin. Nous avions une mission qui nous avait été un peu donnée par les instances mairie / région / département pour redonner une image positive de ces grands clubs qu’ont été le TOEC et le TOAC. Aujourd’hui, la mission est accomplie, au moins pour notre objectif qui était d’accéder à la Fédérale 1. 

Comme vous le dîtes, le TOAC-TOEC a un passé et une histoire et, à une époque, vous vous frottiez même au Stade Toulousain. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de l’historique du FCTT ? 

Je peux vous parler d’un côté positif et d’un côté négatif. Le côté positif, c’est que l’image est remarquable avec tous ces grands joueurs qui sont passés par le club. Le petit côté négatif, c’est qu’on ne peut pas vivre avec le passé et il faut vivre avec le présent et avec de nouveaux joueurs. L’histoire va très vite, aujourd’hui, les nouveaux joueurs ne connaissent plus les grands joueurs qui ont foulé ces pelouses. Donc, il faut mélanger les deux, faire plaisir aux nostalgiques et donner de l’envie et vivre du présent avec des nouveaux joueurs. 

Dans TOAC-TOEC, il y a la notion d’aérospatial. Dans une ville comme Toulouse tournée vers l’aéronautique, ce n’est quand même pas neutre ? 

Non, ce n’est pas neutre. On ne va pas se plaindre, je crois que le FCTT bénéficie de deux piliers importants qui sont la mairie de Toulouse et Airbus. Il y a plus triste que cela dans d’autres clubs et nous, nous avons la confiance de ces deux partenaires avec bien sûr des objectifs en début de saison oudans l’ambition du club. Nous sommes très liés, on ne peut rien faire sans partager nos ambitions et nos objectifs. Et c’est vrai que, de ce côté-là, nous sommes un peu gâtés. 

Dans une année assez particulière où l’on a vu qu’il y avait d’abord eu une première réforme de la Fédérale 1 avec 5 poules de 12. Puis après, il y a eu un grand débat sur la Nationale ou non, la séparation ou non des clubs dits amateurs / semi-pros et des clubs professionnels.  En tant que  » primo-arrivant  »  qu’avez-vous pensé de ce grand débat sur les formats de compétitions ? 

Moi, je suis pour mais pas pour chercher la facilité. Je pense qu’il y a une telle marche entre la Pro D2 et la Fédérale 1 telles qu’elles étaient conçues qu’il était très difficile de passer de la Fédérale 1 à la Pro D2. Cette marche intermédiaire va permettre à des clubs qui ont les budgets, les structures et des centres de formation de pouvoir passer en Pro D2 de façon raisonnable je dirai. Ce qui facilitera le championnat de Fédérale 1 qui, pour moi, n’est pas rabaissé mais qui correspond vraiment au rugby amateur. La Fédérale 1 d’aujourd’hui est l’élite du rugby amateur. Le reste était trop compliqué avec des gens qui étaient en semi-professionnel, qui travaillaient et avaient des contrats alors que des clubs comme nous ou comme Castanet, pour parler de mes amis, nous ne travaillons pas de la même façon. 

S’il n’y avait pas eu la Nationale, est-ce que cela vous inquiétait d’affronter des équipes comme Albi ou Blagnac ? Surtout pour les joueurs de devant parce qu’on a vu des clubs comme Gaillac qui ont refusé car ils se disaient qu’il y avait peut-être un écueil physique qui était trop considérable entre ces équipes professionnelles et celles primo-accédantes

Je n’ose pas répondre de façon affirmative. Il est clair que la première chose à vérifier est la sécurité des joueurs. Une expérience plus lointaine de ma vie de dirigeant a fait que j’ai amené à l’époque Villefranche-de-Lauragais en groupe A où l’on a rencontré de très grandes équipes. Juste pour exemple, nous avons battu le Racing Club de France l’année où ils sont champions de France alors que tout le monde disait que nous allions exploser. Je me souviens d’avoir passé 4 / 5 années à ce niveau-là sans avoir trop de casse mais beaucoup de plaisir. Je pense qu’aujourd’hui, le rugby a évolué, il y a beaucoup plus de dimension physique mais je pense qu’on aurait joué, qu’on aurait craint mais qu’on n’aurait pas eu peur. 

Au-delà de ce différentiel physique, un TOAC-TOEC / Blagnac aurait quand même eu de la gueule ? Ce sont deux villes résolument tournées vers l’aéronautique ? 

Bien sûr que ça aurait de la gueule d’autant plus qu’aujourd’hui, nos relations avec Blagnac sont excellentes. Je pense que ça aurait bien par rapport à l’affiche mais sur le terrain, ça aurait quand même été beaucoup plus difficile. Nous ne sommes pas du tout dans la même structure mais c’est un peu ce qui fait la joie des derbys. Je sais qu’aussi bien à Blagnac que chez nous, on aurait peut-être fait 3 000 ou 4 000 personnes et ça aurait été bien pour nos deux clubs. Pour le résultat, ça aurait été beaucoup plus compliqué. 

Dans votre poule, vous serez avec Graulhet, Lavaur, Mazamet, Castanet, Pamiers, Saint-Sulpice-sur-Lèze, Céret mais aussi Hyères-Carqueiranne, la Seyne-sur-Mer et Berre l’Etang. Que vous inspire cette poule, il va quand même y avoir quelques petits voyages  et aller quasiment à la frontière italienne ? 

Il y a deux choses. Aujourd’hui, les jeunes ont évolué donc, ils voyagent sans le rugby. Mais, sortir un peu de son périmètre, ce n’est quand même pas plus mal pour aller découvrir d’autres choses et d’autres clubs que l’on a pas l’habitude de rencontrer et ça, c’est intéressant. C’est moins intéressant pour le budget du club mais c’est intéressant d’aller voir des gens que l’on n’a pas l’habitude de rencontrer parce qu’il reste quand même encore dans le rugby une sorte d’amitié qui se lie autour des terrains, avec des gens que l’on ne rencontre pas tous les jours et ça, ça ne me déplaît pas. En même temps, nous avons la chance d’avoir gardé 5 ou 6 derbys autour du FCTT qui vont quand même nous générer des recettes et des animations sympas. 

Et de belles 3es mi-temps ? 

Et de belles 3es mi-temps (rires). Je crois que nous avons beaucoup évolué dans l’approche avec les dirigeants. La convivialité existait avant mais aujourd’hui, ça n’est jamais plus la guerre. Chacun défend son pré mais honnêtement, je trouve que les relations entre dirigeants sont meilleures que ce que j’ai connu à une certaine époque. 

On va parler des objectifs sportifs pour ce retour du TOAC-TOEC en Fédérale 1. J’imagine que, dans un premier temps, cela va être d’aller acquérir le maintien le plus rapidement possible pour ensuite, s’il l’aventure est belle, aller grappiller quelques places ? 

Moi, ce qui me plaît dans cette poule, c’est que je suis persuadé que l’ensemble des équipes qui vont jouer contre nous vont penser que nous serons la  » victime  » de cette poule. Donc, ils vont tous venir pour essayer de gagner chez nous, ce qui sera très intéressant parce-que ça ne sera pas facile. Je le dis, je ne veux pas trop m’avancer, mais nous allons nous battre avec nos valeurs et je vais essayer d’en inculquer pas mal. Nous avons un staff qui tient la route, des joueurs qui nous ont suivis, des recrues de qualité donc, même si je me trompe peut-être, je dis qu’il ne sera pas facile de gagner au FCTT cette année. 

Il va y avoir en plus de belles équipes. On parlait de Hyèreset de La Seyne qui se sont énormément armés, Saint-Sulpice a fait une magnifique saison

Je ne veux pas froisser les autres clubs mais je pense que Hyères sera l’équipe phare de la poule parce qu’ils sont dans une structure et des statuts semi-pros. C’est une belle équipe, ce n’est jamais facile d’aller jouer dans ces régions-là, comme il ne sera pas facile d’aller gagner à La Seyne. Mais après, le championnat est ouvert. 

Il y a aussi vos confrères haut-garonnais de la Lèze, Saint-Sulpice, qui sont de plus en plus spectaculaires ? 

Pour moi, Saint-Sulpice représente le travail et l’esprit de clocher, ce qu’il est très difficile de faire à Toulouse. J’admire ce que fait Saint-Sulpice et ce n’est pas une surprise, cela fait des années et tous les ans, ils réussissent encore un peu mieux. Ils ne font pas de bruit, ils ont une ambiance exceptionnelle. Tous les joueurs que j’ai rencontrés ou que l’on a récupérés de Saint-Sulpice n’en parle qu’avec des yeux grands ouverts parce qu’il y a un certain esprit. Et moi, j’aimerai faire retrouver cet esprit-là mais c’est beaucoup plus difficile en ville. 

Et ils ont fait l’exploit cette saison en faisant chuter l’ogre albigeois ? 

Oui mais, comme je vous le disais, il y a des valeurs à Saint-Sulpice qui sont celles du rugby et du rugby de clocher. Quand je dis clocher, ce n’est pas péjoratif car, quand ils sont sur le terrain, il n’y a pas que le clocher, il y a d’excellents joueurs. 

On va également parler d’un sujet qui avait défrayé la chronique l’année dernière, la problématique de stade. Pouvez-vous nous expliquer quel est le problème et où vous en êtes avec ce stade, votre antre historique ? 

Pour le stade, je suis assez confiant parce que nous travaillons en bonne communication avec la mairie. Je ne suis pas au courant de tout mais la mairie avance très, très bien sur ce projet. De mon côté, j’essaie de parler avec tout le monde et, par exemple, nous allons construire une très, très belle bodega comme il y a au Stade Toulousain avec le financement du Département, de la Région et de la Mairie, qui sera le plus important. Aujourd’hui, je suis pour la politique lorsqu’il s’agit de s’occuper de l’associatif et c’est vrai que, si je n’avais pas la mairie derrière moi, je ne pourrai pas faire ce que l’on va réussir cette année. 

Vous êtes dans les bons clous pour garder votre antre qui est quand même le cœur et le poumon de cette association ? 

Oui, je suis persuadé que le FCTT  gardera l’image du TOEC sur son terrain et je crois qu’il n’y aura pas de problème de ce côté-là. La mairie est en train de faire le nécessaire. 

Si on pouvait définir ou décrire ce club du FCTT en quelques mots, quels seraient-ils ? 

C’est un club qui renaît de ses cendres, qui aujourd’hui est sain sur le plan administratif et sur le plan financier. Il est en train de se refaire, il a beaucoup de travail à faire sur la formation. En dehors de la Fédérale 1, on est en train de travailler sur la restructuration complète de l’école de rugby et des cadets / juniors. L’arrivée d’un conseiller technique de club, qui va être financée par la Fédération, va nous aider. Et je pense qu’avec moi ou avec d’autres, le club est parti pour renaître et refaire vivre une grande histoire. 

Il ne nous manque plus qu’à vous souhaiter bonne chance pour cette saison 2020 / 2021 en espérant que vous y preniez plein de plaisir et que vous alliez faire de belles parties de bravoure face aux gros bras de cette poule Toulouse / Méditerranée et on vous dit à très bientôt

C’est gentil, en espérant que vous prendrez le temps ou que vous aurez la possibilité de venir nous voir

Nous n’y manquerons pas

Propos recueillis par Loïc Colombié lors de l’émission « Le #MagSport – RadioAlbiges » du 16 juin 2020.